Table ronde sur les investissement pour le cadre stratégique pour l'Arctique : Toronto
Voici un résumé de la table ronde sur l'investissement pour le Cadre stratégique pour l'Arctique tenue à Toronto (Ontario), le 13 février 2018.
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Participants
Parmi les participants on comptait :
- des représentants de sociétés d'investissement;
- de développement autochtones;
- d'organisme de défense des intérêts des entreprises;
- de la ville d'Iqaluit;
- de l'Association des municipalités du Nunavut;
- d'entreprises situées dans l'Arctique canadien ou dont les activités se déroulent dans cette région;
- de conseils de gestion, professionnels académiques;
- du gouvernement du Groenland;
- du gouvernement des Territoires du Nord-Ouest;
- du gouvernement du Canada.
Thèmes et messages globaux
- Les participants se sont montrés intéressés à mieux comprendre la manière dont les différentes politiques du gouvernement du Canada doivent s'inscrire dans le futur cadre, notamment :
- l'Accord de libre-échange nord-américain;
- les accords sur les revendications territoriales;
- les ententes en matière d'approvisionnement du gouvernement du Canada dans le Nord.
- Certaines préoccupations ont été soulevées quant à la mesure dans laquelle le secteur privé est perçu comme un remède universel aux difficultés dans le Nord.
- Les participants ont manifesté leur intérêt quant à la manière dont un cadre pourrait appuyer l'établissement des priorités des activités en Arctique, vu le nombre de besoins pressants liés aux communautés nordiques et isolées, notamment le logement et l'énergie.
- Les participants ont considéré les discussions continues sur l'infrastructure dans le cadre de l'élaboration conjointe d'un cadre stratégique pour l'Arctique comme une étape positive.
- Lorsqu'on leur a demandé que pouvait faire le gouvernement du Canada pour devenir un meilleur partenaire dans des projets d'infrastructure dans le Nord, les participants ont suggéré que le gouvernement présente aux investisseurs une vision stratégique à long terme pour le Nord qui offrirait une plus grande sécurité à l'industrie, réduirait les risques liés aux investisseurs et favoriserait des investissements dans des projets de plus grande envergure ou de transformation.
L'infrastructure globale de l'Arctique
- L'importance de la continuité des politiques de la part des gouvernements a été soulignée. Les participants ont mentionné que faire participer les Autochtones à la planification des politiques et de l'infrastructure peut contribuer à assurer la continuité, même en cas de changement politique.
- Les participants ont souligné le besoin de penser à long terme, notant que la planification des multinationales du secteur des couvre souvent un horizon de 100 ans, tandis que, selon eux, les administrations canadiennes se concentrent sur le futur immédiat.
- Les participants ont noté l'avantage de dresser la liste des besoins existants et attendus en infrastructure et de faire ultérieurement un exercice d'établissement des priorités avec les administrations municipales que tous les partenaires examineront régulièrement.
- Les changements qu'il faut apporter aux lois et aux règlements en vigueur pourraient créer des retards inattendus dans des projets d'infrastructure dans le Nord (des changements aux accords d'achat d'énergie pour aider à réduire la dépendance au diesel comme source d'énergie ont été mentionnés comme exemple flagrant dans le cas du Nunavut).
- Le plafond de la dette territoriale, en plus d'autres obstacles associés aux règlements et à la délivrance de permis, peut empêcher le démarrage de projets entièrement financés ou clés en main dans le Nord (le projet hydroélectrique potentiel d'Iqaluit a été donné en exemple).
- Il a été question des difficultés propres aux municipalités en ce qui concerne l'infrastructure, y compris le manque de ressources territoriales et les considérations politiques qui découlent de la division urbaine-rurale dans certaines administrations du Nord.
Infrastructures transformatrices
- Les participants ont constaté que l'élaboration de projets d'infrastructure régionale pourrait contribuer au renforcement de la nation au Canada.
- Un participant a estimé que le gouvernement du Canada manque de leadership quant aux projets de « renforcement de la nation » dans l'Arctique canadien. Ce participant a noté que le gouvernement du Canada a un rôle particulier à jouer dans le Nord, où la population est faible, et a appelé le gouvernement fédéral à renforcer son engagement quant au développement des infrastructures dans l'Arctique.
- Les participants ont discuté des avantages de l'infrastructure polyvalente, y compris l'infrastructure communautaire et municipale. Certains participants étaient d'avis que le gouvernement fédéral ne facilite pas ce type d'approche en raison de sa complexité ainsi que de la collaboration entre les ministères et les administrations qu'elle nécessite.
L'infrastructure et le secteur privé
- Le financement et l'appropriation des projets d'infrastructure dans le Nord et en Arctique se transforment en ce sens que les sociétés de développement autochtones souhaitent de plus en plus assumer le leadership de projets d'infrastructure.
- Les participants souhaitent « regrouper » ou « réunir » certains projets d'infrastructure distincts, mais interreliés, afin d'obtenir une masse critique suffisante pour attirer des investissements importants. Le potentiel que présente l'ouverture du passage du Nord-Ouest pour regrouper des projets d'infrastructure liés au transport et à la défense a été donné en exemple.
- Les participants ont noté que le regroupement de projets pourrait aider à répondre au besoin d'adopter une approche globale en matière d'infrastructure tout en permettant aux investisseurs de participer à des projets précis. En outre, un modèle de regroupement pourrait empêcher que les promoteurs conspirent afin d'obtenir des ressources pour des projets individuels et faciliterait une approche plus stratégique à l'égard de l'infrastructure en Arctique.
- Une plus grande participation du secteur privé pourrait générer des rendements accrus pour les investisseurs tout en permettant aux gouvernements de se concentrer sur le financement de projets à vocation sociale, mais qui n'attirerait probablement pas d'investissements du secteur privé.
- Certains participants ont critiqué la nécessité d'obtenir le soutien territorial pour présenter une demande de financement au gouvernement dans le cadre de projet d'infrastructure local ou régional (le projet hydroélectrique potentiel à Iqaluit a aussi été mentionné dans ce contexte).
- Les participants ont discuté du rôle de la nouvelle Banque de l'infrastructure du Canada et de son application potentielle aux difficultés en matière d'infrastructure dans le Nord et dans l'Arctique.
- Réduire le risque, particulièrement pour les investisseurs et les prêteurs, était perçu comme un rôle potentiel pour les gouvernements qui cherchent des moyens d'améliorer l'infrastructure dans l'Arctique.
Besoins spécifiques en matière d'infrastructure
- Il faut combler les lacunes importantes quant à l'infrastructure communautaire existante pour l'itinérance, l'alcoolisme et autres problèmes d'abus d'alcool et de drogues. Parmi l'infrastructure nécessaire, mentionnons des logements de transition et des établissements psychiatriques.
- À l'échelle régionale, le concept de corridors à usage multiples a suscité de l'intérêt en vue de créer des corridors pour la large bande, l'énergie et le transport dans l'Arctique canadien.
- D'importantes initiatives récentes et en cours liées à la connexion à large bande ou à la connectivité ont fait l'objet de discussions, y compris : l'investissement majeur dans la capacité à large bande dans les Territoires du Nord-Ouest grâce à le projet de liaison par fibre optique dans la vallée du Mackenzie; et les investissements en fibre optique dans le cadre du Plan Nord du Québec.
- Les participants ont discuté la création potentielle de liaisons énergétique et à bande large entre Churchill et la région du Kivalliq, au Nunavut.
L'Arctique dans un contexte global
Souveraineté en Arctique et leadership de l'Arctique canadien
- Les participants ont souligné la possibilité permanente du Canada d'exprimer sa souveraineté dans l'Arctique grâce au Cadre, y compris le rôle que les résidants du Nord jouent dans l'expression de la souveraineté de l'Arctique canadien.
- Des ressemblances entre l'Arctique canadien et américain ont été mentionnées, y compris les populations autochtones importantes, la dépendance au diesel comme source d'énergie, la dépendance économique à l'extraction de ressources naturelles, ainsi que l'achat et la vente de marchandises sur un axe nord-sud (p. ex., pétrole).
- L'importance de la relation entre l'Alaska et le Yukon en particulier a été relevée à l'égard de l'élaboration d'un système d'infrastructure global dans l'ouest de l'Arctique.
Commerce et investissement
- La possibilité d'améliorer les rapports entre le Canada et les États-Unis grâce au futur cadre a été soulevée, y compris sur la question du commerce, particulièrement dans le contexte de la renégociation en cours de l'Accord de libre-échange nord-américain.
- Certains participants souhaitent renforcer les liens commerciaux avec le Groenland, notamment l'industrie de la pêche.
- Les participants ont discuté du rôle des partenariats public-privé dans le Nord, y compris le potentiel de nouveaux modèles de partenariats public-privé. Les participants ont cité des exemples au pays et à l'étranger où des partenariats public-privé dans l'Arctique.
- Des représentants du gouvernement du Groenland ont noté la possibilité de collaboration entre le Groenland et le Nunavut relativement à la large bande, pour mettre en lumière un exemple de collaboration internationale possible pour des investissements en infrastructure.
Tribunes multilatérales
- Le rôle du Conseil de l'Arctique, dont le groupe de travail sur l'amélioration de la connectivité dans l'Arctique, dans le développement économique de l'Arctique a fait l'objet de discussions.
La protection de l'environnement et la préservation de la biodiversité dans l'Arctique
Développement durable des ressources
- Les participants ont discuté des pêches dans l'Arctique ainsi que du moratoire sur la délivrance de permis d'exploration pétrolière et gazière extracôtière dans l'Arctique.
- Les participants ont noté que des consultations antérieures avec des détenteurs de permis et d'autres intervenants au sujet des activités pétrolières et gazières extracôtières et de l'exploration ont été menées.
- La déception chez certains participants a été exprimée quant à l'incidence du moratoire sur la délivrance de permis pour les sociétés de développement autochtones qui cherchent à diversifier leurs activités dans le secteur pétrolier et gazier.
Prise de décision fondée sur des données probantes
- Les participants ont discuté la nécessité de mieux comprendre les répercussions possibles des activités pétrolières et gazières extracôtières et d'adopter une approche fondée sur des données probantes à l'égard de la délivrance de permis.
Des économies solides, durables et diversifiées dans l'Arctique
Opportunités potentielles de développement économique
- Il est tout à fait possible de créer des corridors d'exportation durables dans le Nord. Plus précisément, les participants ont souligné le rôle des communautés autochtones dans les Territoires du Nord-Ouest dans la définition et la facilitation de corridors d'exportation dans ce territoire ainsi que l'exploitation de leur création.
- Les participants ont proposé d'étudier d'autres débouchés commerciaux avec l'Union européenne dans le cadre de l'Accord économique et commercial global entre le Canada et l'Union européenne, particulièrement à la lumière du changement du contexte commercial nord-américain.
- Les participants ont manifesté leur intérêt quant au développement d'activités de pêches commerciales durables et au profit des résidants du Nord ainsi qu'un intérêt particulier pour le commerce avec des administrations voisines (selon le système de quotas actuel).
Innovation
- Les participants ont discuté de l'importance d'accroître les investissements dans l'innovation en Arctique plutôt que de miser essentiellement sur les industries traditionnelles.