Les excuses aux anciens élèves des pensionnats Indiens - Phil Fontaine, chef national de l'Assemblée des Premières Nations

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Transcription

Chef Phil Fontaine (Chef national de l'Assemblée des Premières Nations) : Monsieur le premier ministre, madame la juge en chef, chers députés, chers aînés, chers survivants et chers Canadiens, pour nos parents, nos grands-parents, nos arrière-grandsparents et toutes les générations qui nous ont précédés, ce jour constitue aujourd'hui rien de moins que la réalisation de l'impossible.

Ce matin, nos aînés ont participé à une cérémonie à la mémoire de ceux qui n'ont jamais reçu ni excuses ni indemnisation, mais qui ont lutté courageusement contre l'assimilation afin que nous puissions voir arriver ce jour.

Ensemble, nous nous souvenons d'eux et nous les honorons parce que ce sont eux qui ont le plus souffert en voyant, génération après génération, les enfants arrachés à leur famille et privés de l'amour et de l'encadrement des leurs. Pour les prochaines générations, nous sommes aujourd'hui témoins à la Chambre de l'affirmation définitive de notre survie comme membres des Premières nations de ce pays.

Ainsi, cette journée est importante en raison non seulement du passé, mais également de l'avenir. Plus jamais la Chambre ne verra un problème indien dans la simple affirmation de notre identité.

Nous avons entendu le gouvernement du Canada assumer l'entière responsabilité de cet horrible chapitre de notre histoire commune. Nous avons entendu le premier ministre déclarer que cela ne se reproduira plus jamais. Enfin, nous avons entendu le Canada dire qu'il était désolé.

En racontant leurs histoires douloureuses, les courageux survivants ont dépouillé la suprématie de la race blanche de son autorité et de sa légitimité. Il faut tôt ou tard dire la vérité aux puissants.

Les événements d'aujourd'hui ne sont pas le résultat de jeux politiques. C'est la preuve de la vertu et de l'importance de notre lutte. Nous savons que nous avons beaucoup de difficultés à surmonter. Il reste beaucoup de batailles à livrer.

Les événements d'aujourd'hui marquent une nouvelle aube dans les relations entre nous et le reste du Canada. Nous sommes et nous avons toujours été un élément indispensable de l'identité canadienne.

Nos peuples, notre passé et notre présent constituent l'essence du Canada. Les tentatives pour effacer notre identité nous ont grandement meurtris tout comme elles ont blessé tous les Canadiens et appauvri le caractère de notre pays.

Il ne faut pas faillir à notre devoir. Enhardis par ce moment historique, nous pouvons, ensemble, mettre fin à notre cauchemar racial. Les souvenirs des pensionnats déchirent parfois impitoyablement notre âme, tels des couteaux. Cette journée nous aidera à mettre cette douleur derrière nous.

Mais elle signifie encore plus : c'est la promesse d'une relation respectueuse et libératrice entre nous et le reste du Canada.

Ensemble, nous pouvons accomplir les grandes choses que notre pays mérite. Les excuses d'aujourd'hui reposent, plus que toute autre chose, sur la reconnaissance du fait que chacun est maître de sa vie et de son destin. C'est le seul vrai fondement d'une société où les peuples peuvent prospérer.

●(1605)

Nous devons maintenant aborder les défis de demain avec un nouvel esprit et une nouvelle vision.

Un grand homme d'État a déjà dit que nous sommes tous liés par la même destinée. Ce qui nous distingue n'a rien à voir avec le sang ou la couleur de la peau. Les liens qui nous unissent sont plus forts que ceux qui pourraient nous séparer. Emprunter tous ensemble la voie de l'espoir va favoriser notre réconciliation bien plus que ne le pourraient les mots, les lois ou les revendications juridiques.

Nous avons encore des luttes à mener, mais maintenant nous agissons ensemble.

Aujourd'hui, je tends la main à tous les Canadiens dans un esprit de réconciliation.

Meegwetch.

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